FRAUDE SUR THON ROUGE ?

Publié le par Extrait du Journal du Pays-Basque du 16/04/2009

Fraude sur le port?
16/04/2009

Sébastien VAÏSSE

En décembre dernier, cinq propriétaires de thoniers-senneurs français étaient mis en examen à Montpellier dans le cadre d'une affaire de fraudes au thon rouge révélé en 2007 par l'hebdomadaire spécialisé Le Marin. «Dépassement des quotas, ventes sous de fausses appellations et blanchiment de captures»... En fait, les pêcheurs sont soupçonnés d'avoir dépassé leur quota de prises de thon rouge, autorisé en 2007, et ont fait l'objet d'une enquête. Des accusations lourdes rendues publiques alors que dans le même temps (2 007) sept pays européens, dont l'Hexagone, étaient pointés du doigt par Bruxelles pour avoir fourni des informations insuffisantes.

Une affaire qui vise donc de manière très large les pêcheurs français de Méditerranée et, dans une moindre mesure, ceux de la côte Atlantique. Pourtant, selon les résultats de l'enquête menée de décembre 2007 à mars 2009 par la Gendarmerie maritime du Pays Basque, une trentaine de personnes, marins-pêcheurs, mareyeurs et personnel de la criée de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure seraient impliquées dans cette histoire de fraude et donc susceptibles d'être poursuivies par le Parquet si ce dernier décidait d'ouvrir une instruction, ce qui n'a pas encore été décidé.

Thon rouge ou «patudo» ?

Outre les dépassements de quotas, l'enquête de la gendarmerie confirmerait les soupçons de fraudes pesant sur la criée de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure et les flottilles locales qui auraient commercialisé le thon rouge sous de fausses appellations.

Concrètement, les bateaux auraient débarqué à Ciboure du thon rouge que l'on retrouvait sur l'étalage affublé de l'appellation «patudo» (poisson de la famille des thonidés, plus gras que le thon rouge) ! Un contournement de la législation pour dépasser les quotas et qui, selon les résultats de l'enquête, aurait été fait aux yeux de tout le monde et avec la complicité de certains acteurs de la filière, en l'occurrence du personnel de la criée luzienne et des mareyeurs.

Une affaire qui risque de faire des vagues, d'autant qu'il faut garder à l'esprit que la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) du Pays Basque, qui a déclaré n'être au courant de rien, est le concessionnaire du port. Or, si pour l'heure l'enquête n'a pas établi de lien de causalité entre le personnel de la CCI et la fraude, la gendarmerie pourrait bien approfondir l'enquête dans le cas où une instruction serait ouverte.

Espèce en danger

Comment en est-on arrivé là ? Il semblerait qu'à l'origine de tout ça, on retrouve les pêcheurs de la Turballe (Bretagne) qui, face à la pénurie d'anchois se sont rabattus sur le thon sans autorisation de quotas, débarquant par la suite leur pêche sous l'appellation «patudo» ou encore «chinchard». Conséquence directe : le prix du thon s'est effondré. Une situation incompréhensible pour les thoniers de l'Hexagone qui ont continué à pêcher au-delà des quotas.

Une affaire délicate d'autant que, menacé d'extinction, la pêche au thon rouge est gérée dans le cadre de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique. En 2007, il a été pêché sur Hexagone le double du quota, soit 10 108 tonnes au lieu des 5 593 autorisées.

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